Énorme vague de colère et d’émotion au Forum social mondial de Salvador, et dans tout le Brésil, à la suite de l’assassinat de la jeune femme noire, brillante et très active conseillère municipale de gauche à Rio.

 
Le choc. Les larmes. La colère, la rage. Noire. Ce jeudi 15 mars, le Forum social mondial (FSM) de Salvador s’est arrêté pour sortir dans la rue crier sa révolte devant un crime dont personne ne doute qu’il s’agisse d’une exécution, « raciste, un féminicide contre une favelada », comme sont désignées les habitantes des favelas.La nuit précédente, Marielle Franco est morte à Rio, assassinée dans sa voiture, ainsi que son chauffeur, par une dizaine de tirs venus d’un véhicule voisin, au sortir d’un débat sur les jeunes femmes noires qui font avancer la société brésilienne. Elle avait 38 ans, elle était noire, dotée d’une énergie débordante, l’une de ces femmes politique montante de la gauche brésilienne, engagée depuis longtemps dans la lutte contre les violences policières qui touchent régulièrement les plus pauvres des périphéries urbaines.

Sociologue et conseillère municipale du PSOL (un Parti de gauche à la brésilienne), elle s’était impliquée avec courage pour dénoncer de récents agissements à caractère criminel perpétrés par les forces de l’ordre, alors que Rio est depuis un mois sous la coupe d’une intervention décrétée par l’échelon fédéral brésilien pour endiguer une vague de violence liée aux trafics.

Au FSM, le PSOL avait prévu une table ronde sur l’avenir de la gauche au Brésil, animée par Guilherme Boulos, meneur du fort Mouvement national des sans-toits, et récemment adoubé par le parti comme candidat à la présidentielle brésilienne en octobre prochain, en tandem avec Sônia Guajajara, très charismatique leader indigène. « Nous n’aurons de cesse que soient identifiés les tueurs, et surtout les commanditaires ! », ont-ils lancé avant de s’envoler pour participer à une grande marche de protestation à Rio.

Le débat s’est transformé spontanément en un puissant hommage et en appel à la mobilisation. « Marielle, nous n’allons pas nous taire, et serons des millions ! », lance une des multiples pancartes bricolées à la hâte dans la nuit. Leninha se dresse : « Demain, c’est peut-être moi qui ne me réveillerai pas ! » C’est un flot continu de dénonciations portées par l’écœurement et la révolte. « Marielle, il n’y aura pas une seule minute de silence. Criez, hurlez avec moi ! » Les femmes noires se succèdent au micro. Gleisi Hoffmann, présidente du Parti des travailleurs (PT) appelle à l’unité de la gauche pour condamner le crime. En dépit de la profonde émotion qui traverse les participants au forum, une jeune femme se dresse, hors d’elle. « Encore une Blanche qui parle à notre place ! »

C’est un Brésil au bord de la fracture sociale et raciale qui frémit de fureur après la « mise à mort »de Marielle, et alors que le pays vit depuis un an et demi une régression sociale sans précédent suite au « coup d’État » institutionnel qui a démis la présidente Dilma Rousseff (PT) en août 2016, au profit de Michel Temer (droite).

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